Boulanger to Théodore Strawinsky
[No Date] [1962]
Dear Théodore,
Sorry I still haven’t written you. I am so shaken up. I spent Sunday afternoon with your Father—
surprising strength, enthusiasm and tenderness. The worry he creates for himself, for Denise, for
you, for Kitty. Perhaps he seems to remain silent, but he lives with those who are his life and
every detail remains engraved—all hidden in a seemingly contradictory appearance, but
nevertheless rooted within.
His impressions, his trip, this return to his childhood, his sense of modesty, his way of saying
nothing but what he wants to, and how the words must veil or divulge. It is true, he walks with
difficulty, it’s the only time where one can see the signs of the shocks he has undergone. His
spirit is young, alive, innovative, mobile, and what clairvoyance, what conviction as well, which
sometimes creates incontrollable, spontaneous reactions.
Unfortunately, I must hurry, I can spare anything but time, but I am with you, sharing in your
hopes, your expectations, knowing the weight of your intense patience.
Give Denise my love and know, both of you, that my thoughts never leave you. Thank you
again.
Yours,
NB
* * *
Boulanger à Théodore Strawinsky
[sans date] [1962]
Cher Théodore,
Pardon de ne pas vous avoir écrit encore. Suis si bousculée. Passé l’après-midi de
dimanche avec votre Père, étonnant de force, d’enthousiasme et de tendresse. Le souci
qu’il se fait pour Denise, pour vous, pour Kitty. Peut-être semble-t-il rester silencieux
mais il vit avec ceux qui sont sa vie et chaque détail resté gravé. Tout cela caché, en
apparence contradictoire, et pourtant si enraciné.
Ses impressions, son voyage, ce retour à son enfance, sa pudeur, son art de ne dire que ce
qu’il veut, et comment les termes doivent voiler ou découvrir. Il est vrai, il marche mal,
c’est le seul moment où l’on voit des signes de chocs qu’il a subis, l’esprit est jeune, vif,
novateur, en mouvement, et quelle clairvoyance, quelle conviction aussi qui crée parfois
des réactions d’une spontanéité incontrôlables.
Hélas il faut aller vite, je ne dispose de rien comme temps mais suis avec vous partageant
vos espoirs, votre attente, sachant le poids de cette patience si longue !
Embrassez Denise et sachez tous deux que ma pensée ne vous quitte pas. Merci encore.
Votre
NB
Boulanger to Stravinsky
Ecoles d’art américaines
Fondation reconnue d’utilité publique
New York Office: Fontainebleau Schools, 122 East 58 St. N.Y. 22
Conservatoire de musique – Ecole des beaux-arts
Palais de Fontainebleau
Le Directeur du Conservatoire
June 18, 1962
Very dear Igor,
Soon will be the birthday the entire world celebrates yet does not know how to celebrate enough.
But once again I find myself near you in Hollywood—but also in Paris—I believe I’m sharing
some of your views toward the Past, some of your silence in the Present, and your view of the
new possibilities the material offers you and your mind.
I don’t dare tell you what leads me always to this struggle before you, one that has no beginning
and no end. In it I see your pain, your wounds, your aspirations, and I repeat, from the bottom of
my heart, “May Peace be with you.”
Your burden is heavy if it brings with it light, and I believe I feel and understand. I love you so
much.
I send you all my love, I say to you thank you, and I hear you wherever you may be, always
there,
Your
Nadia B
* * *
Boulanger à Stravinsky
Ecoles d’art américaines
Fondation reconnue d’utilité publique
Bureau New-York : Fontainebleau Schools, 122 East 58 St. N.Y. 22
Conservatoire de musique – Ecole des beaux-arts
Palais de Fontainebleau – Le Directeur du Conservatoire
18 juin 1962
Très cher Igor,
Bientôt cet anniversaire que le monde entier célèbre et ne saurait assez célébrer. Mais,
moi, je me retrouve, près de vous, à Hollywood—mais aussi à Paris— je crois partager
certains de vos regards vers le Passé, certaines de vos silences dans le Présent, et votre
perception de la nouvelle possibilité que vous offre la matière, et votre esprit.
Je n’ose vous dire ce qui m’ément[sic] toujours devant cette lutte avec vous-même qui
n’a commencement ni fin. J’y vois aussi vos peines, vos blessures, vos aspirations—et je
vous redis, du plus profond de mon cœur, « que la Paix soit avec vous ».
Votre fardeau est lourd, s’il est porteur de lumière, et je crois sentir, et comprendre. Je
vous aime tant.
Je vous embrasse, je vous dis merci, et je vous entends où que vous soyez, toujours là,
Votre,
Nadia B
Boulanger to Denise Stravinsky
February 18, 1962
Dear Denise,
Without news for a long time, but I feel close [to you] and my thoughts are always with you. I do
hope that you are suffering less. But it has been so long—it’s a burden to be so patient.
I saw your father-in-law upon his return from Moscow, walking with a bit of difficulty, but with
an extraordinary presence—so preoccupied by you, by you all.
The recording of the Flood is impressive and allows for an understanding of the grandeur of the
work. Regarding A Sermon, Narration, Prayer [sic], which I heard on the radio, it is profoundly
moving. And if mastering these ever-new means is stupefying, the emotion that emanates from
this sublime work is inexpressible. What a supreme force of thought and feeling —which
[others] want to ignore!
Hug one another [for me] and know I am your,
Nadia B.
P.S. Not yet been able to write to Kitty. Going to do it one of these days I hope!
* * *
Boulanger à Denise Stravinsky
18 février 1962
Chère Denise,
Sans nouvelles depuis longtemps, je me sens pourtant proche et ma pensée ne vous quitte
pas. Je veux espérer que vous souffrez moins. Mais c’est si long—et une telle patience si
lourde.
Vu votre beau-père à son retour de Moscou, marchant avec un peu de difficulté, mais
d’une présence extraordinaire—si préoccupé de vous de vous tous.
Le disque du Flood est impressionnant et permet de comprendre la grandeur de l’œuvre.
Quant à celui de Sermon, Narration Prayer[sic], entendu à la radio, il est profondément
émouvant. Et si la maîtrise de moyens toujours nouveaux est stupéfiante, l’émotion qui se
dégage de cette œuvre sublime, elle est indicible.
Quelle force suprême de la pensée et de la sensibilité—ce que l’on veut ignorer !
Embrassez-vous les uns les autres et sachez-moi votre.
Nadia B.
P.S. N’ai pas encore pu écrire à Kitty. Vais le faire ces jours-ci j’espère !