Catherine Stravinsky to Boulanger
Nice
April 8, 1931
Dear Mademoiselle,
Please allow me to write to you this letter on an issue concerning Sviétik that worries me greatly.
He spoke to me quite frankly about it and I told him all our thoughts on the subject. I would like
to share a few words with you regarding it as well.
My husband and I are not very sympathetic toward the idea of a marriage to someone from
outside our race and religion, a marriage which above all else seems very much premature to us,
seeing as Sviétik is still practically a child.
Nor can we forget that he is preparing himself for a career as a pianist, which particularly
complicates his case. Indeed, this field requires a great deal of travel and a lifestyle that, in our
opinion, at least at the beginning of artistic life, does not lend itself well to starting a family
(children are always to be expected). Moreover, one must remember that he still depends on us
entirely, that he is only a student of music and that he is not yet an established artist, earning his
own living.
For two years now, Sviétik has lived most of his life away from his family, and under these
conditions it has been difficult for us to exert an influence over him. It seems to us, dear friend,
that you are the best placed to help us with our difficulties. Permit us to believe you do not think
harshly of us for troubling you with our concerns.
As for the sentimental side of this affair, and without wanting to rush anything, we beg you to
support our point of view around Sviétik so that he sees, among all those who matter to him, a
uniform opinion on the questions that are tormenting him. I say this to you freely, because it
seems to us Sviétik is inclined to believe that you welcome favorably the idea of this union so
desired by him. As for us, we do not want Sviétik tied up by promises that perhaps shouldn’t be
fulfilled. I have suggested (and this so as to not sadden him entirely) that he wait at least a year
to return to the overall question of marriage.
I think that you share our views, which is why we have addressed this in all frankness and in an
appeal to your good friendship and would like to count firmly on your support and it is in this
hope that I extend to you, dear Mademoiselle, my best wishes,
Catherine Stravinsky
[P.S.] Please do forgive this slightly confusing letter, but having been extremely busy these last
few days I did not have time to put everything in order in this hurriedly written letter because I
would like for you to read it before Sviétik’s arrival
Catherine Stravinsky à Boulanger
Nice
le 8 avril 1931
Chère Mademoiselle,
Permettez-moi de vous écrire ces lignes au sujet d’une question concernant Sviétik qui me
préocupe [sic] beaucoup. Il m’en a parlé très franchement et je lui ai dit tout ce que nous en
pensons. Je voudrais vous en dire aussi quelques mots.
Mon mari et moi nous ne sympathisons pas beaucoup à l’idée d’un mariage avec une étrangère
de race et de religion, mariage qui avant tout nous semble vraiment trop prématuré, vu que
Sviétik est encore lui-même, un demi-enfant.
Il ne faut pas oublier non plus qu’il se prépare pour une carrière de pianiste ce qui complique
particulièrement son cas. En effet, ce métier demande une vie mouvementée, des voyages, vie
qui à notre avis, ou plustôt [sic] début de vie artistique, ne se conforme pas très bien à un début
de vie de famille (des enfants sont toujours à prévoir). D’autre part il faut savoir qu’il dépend
encore entièrement de nous, qu’il n’est qu’étudiant en musique et qu’il n’est pas encore un artiste
achevé, gagnant sa vie lui-même.
Depuis deux ans Sviétik vit la plupart de l’année hors de sa famille et il nous est très difficile
d’exercer sur lui dans ces conditions une influence suivie. Vous, chère amie, vous êtes, il nous
semble, le mieux placée pour nous venir en aide dans nos difficultés. Permettez-nous de croire
que vous ne nous figuerez [sic] pas trop sévèrement de vous embarrasser [sic] par nos
préoccupations.
Tout en ménageant le côté sentimental de l’affaire et sans vouloir rien brusquer, nous vous prions
de soutenir auprès de Sviétik notre point de vue pour qu’il voie chez tous ceux qui comptent pour
lui une conformité d’opinion sur les questions qui le tourmentent. Je me permets de vous le dire
car il nous semble que Sviétik est enclin à croire que vous accueillez favorablement l’idée de
cette union si désirée par lui. Quant à nous nous ne voulons pas que Sviétik se lie par des
promesses qui ne devront peut-être pas se réaliser. Je lui ai dit (et ce pour ne pas l’atrisser [sic]
entre mesure) qu’il attende un an au moins pour revenir en général sur la question mariage.
Je pense que vous partagez nos idées, c’est pourquoi nous vous adressons en toute franchise à
votre bonne amitié et voudrions compter fermement sur votre appui et c’est dans cet espoir que
je vous prie de trouver ici chère Mademoiselle l’expression de mes sentiments bien cordialement
dévoués,
Catherine Stravinsky
Excusez, je vous prie, cette lettre un peu confuse mais étant très prise tous ces jours-ci je n’ai pas
le temps de mettre de l’ordre dans cette lettre écrite à la hâte car je voudrais que vous la lisiez
avant l’arrivée de Sviétik.
Catherine Stravinsky to Boulanger
Nice
May 7, 1931
Dear Friend,
Thank you so much for your very sincere letter reassuring us.
We are very grateful to you for having honestly shared your feelings and your point of view with
us. Unfortunately, it differs significantly from our own, but as you have given us your promise
that, in appearance, you will support us, we are firmly counting on you. Besides, the attitude to
take right now concerning young people is to interfere in no way in their relationships. The
young woman will return to America soon; one need neither try to make her return, nor oppose
it, but as for the future, leave it all up to the will of God, because it is not up to us to unite or
separate them. It is only important that Nini does not extend any formal promises, that is all.
I hope that everything is now clear between us.
I have not yet thanked you for having thought of us (Nini’s performance). Your telegram was a
great joy for us all.
Sviétik wrote to me that he will defer his exams until next year. So much the better! We approve
of it entirely. It was an effort well beyond his abilities as he now understands.
I will finish this letter by thanking you very sincerely for all the interest you have shown our son
and for your kind friendship toward us.
Believe that I am, dear Friend, your cordially devoted,
C. Stravinsky
Catherine Stravinsky à Boulanger
Nice
le 7 mai 1931
Chère Amie,
Merci beaucoup de votre lettre si sincère qui nous rassure.
Nous vous sommes très reconnaissants de nous avoir exposé en toute franchise vos sentiments et
votre point de vue ; il diffère malheureusement sensiblement de nôtre [sic] mais comme vous
nous donnez la promesse de nous soutenir quoiqu’en apparence nous comptons fermement sur
vous. Du reste l’attitude à prendre maintenant vis-à-vis des jeunes gens est de n’intervenir
d’aucune façon dans leurs rapports. La jeune fille retournera bientôt en Amérique; il ne faut ni
tâcher de la faire revenir, ni s’y opposer, mais laisser tout à la volonté de Dieu quant à l’avenir,
car ce n’est pas à nous de les unir ou de les séparer. Il importe seulement que Nini ne se lie pas
de promesse formelle, voilà tout.
J’espère que tout est clair entre nous maintenant.
Je ne vous ai pas encore remerciée d’avoir pensé à nous (l’audition de Nini). Votre télégramme
nous a fait à tous grand plaisir.
Sviétik m’écrit qu’il remet ses examens à l’année prochaine. Tant mieux ? Nous l’approuvons
entièrement. C’était un effort vraiment audissus [sic] de ses forces comme il l’a compris
maintenant.
Je finis ma lettre et vous remercie bien sincèrement de tout l’interêt [sic] que vous portez à notre
fils et de votre bonne amitié envers nous.
Croyez-moi, chère Amie, votre très cordialement dévouée,
C. Stravinsky
Boulanger to Stravinsky
November 19, 1940
Dear, Dear Igor,
Sorry for not having written yet [and] not telling you that I had seen Sviétik in Vichy, that they
all are as well as possible, courageous, and that he, Sviétik, has a sort of confidence in himself.
And then I received your telegram, which was so nice, so good, so necessary.
But . . . limited time and above all, personal difficulties. Everything is still so hard! How I would
like to see you, you and Vera both. I need to build up my strength again, [I need] to see you.
To think that no one had told me: the Symphony in Chicago. I found out two days after!
Completely ridiculous.
I hope the Forbeses will agree to keep me. The need to be “home,” which I can satisfy a little
here, is so great. My God, my heart is heavy, but one must hope, and fight on!
I send my love to both of you, and am with all my heart,
Your
Nadia
Boulanger à Stravinsky
19 novembre 1940
Cher, Cher Igor,
Pardon de ne pas vous avoir encore écrit, vous avoir dit que j’avais vu Sviétik à Vichy, qu’ils
sont tous aussi bien que possible, courageux, et avec une sorte de confiance en lui-même,
Sviétik. Puis, votre télégramme, si gentil, si bon, si nécessaire.
Mais…temps limité et surtout, difficultés intérieures. Tout est encore si dur ! Que je voudrais
vous voir, Véra et vous, besoin de se retremper, de vous retrouver.
Dire que personne ne m’a dit : la Symphonie à Chicago. J’ai su deux jours après ! Trop absurde.
J’espère que les Forbes vont consentir à me garder, le besoin d’être « chez soi » que je peux
assouvir un peu ici, est si grand. Mon Dieu, que le cœur est lourd, mais il faut espérer, et lutter !
Je vous embrasse, tous deux, et suis de tout cœur,
Votre
Nadia
Boulanger to Stravinsky
Chicago, Illinois [stamp]
c/o Mrs. Arthur Sachs
Ra Ben Farm
Hope Ranch Park
Santa Barbara Cal.
Mr. Igor Strawinsky
1260 North Wetherly Drive
Hollywood
California
August 1, 1941
Dear Friend,
Thank you for your letter—I will be in Santa Barbara on Monday, but will be resting for at least
ten days. I just finished my courses at the Convent, and . . . I don’t have a choice. It is nothing,
and it is not important. But an old tired heart does not bear it—in addition to the daily effort, the
remorse—and I cannot get used to the idea of having left them there, suffering, oh what
suffering. I know that certain tasks can only be accomplished this way, and I have the dearest
friends here like you couldn’t imagine—the most faithful. I have understood the value of these
weeks at the Convent, the work demands all of my attention—but . . . something stronger than all
that haunts my thoughts: “You left everything.” [Even] if I were to face hardship here,
everything is easy—and despite all that I have, my conscience is troubled and that is greater than
any reason, even the serious, concrete [ones], that I have to pursue my work here. And I know
this is all that one can do.
See you soon, I hope. We will arrange something, because we must settle these parts once and
for all (if that is even imaginable!).
You told me nothing of Milène, of Sviétik, but I guess there is the world between you, and
Théodore, harder again for you than for him!
To Vera and to you, with all my affection,
NB
Boulanger à Stravinsky
Chicago, Illinois
C/O Mrs. Arthur Sachs
Ra Ben [sic] Farm
Hope Ranch Park
Santa Barbara Cal.
Monsieur Igor Strawinsky
1260 North Wetherly Drive
Hollywood
California
1[er
] août 1941
Cher Ami,
Merci de votre lettre—je serai à Santa Barbara lundi, mais pour être au repos pendant au moins
[dix] jours. Je viens de finir mes cours au Couvent, et…je n’ai pas le [sic] choix. Ce n’est rien, et
cela n’a pas d’importance. Mais un vieux cœur fatigué ne supporte pas, en plus de l’effort
journalier, les remords—et je ne peux me faire à l’idée de les avoir laissé là-bas, souffrant, quelle
souffrance. Je sais, certains devoirs ne sont possibles qu’ainsi, et j’ai ici des amis, comme on
n’en peut imaginer de plus chers—de plus fidèles. J’ai compris la valeur de ces semaines au
Couvent, le travail demande toute mon activité—mais…quelque chose de plus fort que tout
obsède ma pensée : « Tu as tout quitté ». Si je vivais ici de privations, mais tout est facile—et
malgré tout ce que j’ai le trouble de ma conscience est plus grand que toutes les raisons, même
sérieuses, réelles, que j’ai de poursuivre ma tache [sic] ici. Et je sais tou[t] ce qu’on peut faire.
A bientôt, j’espère—nous arrangerons quelque chose—car il faut regler [sic] ce matériel une fois
pour toutes (si cela est imaginable !)
Vous ne me dîtes rien de Milène— de Sviétik—et je devine ce qu’est ce monde entre vous—et
Theodore—plus dur encore pour vous que pour lui !
A Vera et à vous, en toute affection.
NB
Boulanger to Stravinsky
122 Bay State Road
Boston, Mass.
Tel. Kenmore 7277
Mr Igor Strawinsky
1260 Wetherly Drive
Hollywood 46
California
September 20, 1945
Dear Friend,
What a magnificent surprise, what happiness, and what satisfaction. You are an angel!
I cannot tell you about this exceedingly beautiful piece. I feel unworthy. This is the sixth letter
I’ve started. My praise seems to me so small, so awkward—courage will soon return to me, I
hope, but not today. I read, I reread. What success on the whole and in each detail, and . . . and
again I don’t know [what to say]. I am not going too fast! But I know what this symphony
represents. I love it and you. It is just too sad to not see you anymore, to not be near you at the
piano, to not have you hear me play it for you. This separation is awful. It weighs on me heavily.
Leaving for Montreal. Will write you upon my return. Jealous of all who have seen Vera’s
boutique, they tell me it is so stunning—not being able to go to Hollywood is a death sentence.
Received an interesting, kind letter from Sviétik. He seems happy, everyone writes to me about
him with much musical confidence. Everyone finds Françoise so kind. Saturday is his birthday. I
hope that my package will be there for that day. I really want to speak with you about the finale.
I cannot think of more to tell you about other things and yet, I do not see how I might
demonstrate to you that I understood! But I have understood, I believe, and heard—and I feel
very proud of myself!
You are too great for me to forget it, especially when I am not close to you and my old
incorrigible shyness is as strong as ever.
Thank you. You have given me the nicest double-present you could imagine and the two aspects
of the score follow the same line of thinking[:] an order established by one is definitively
expressed by the other.
I love you so much, admire you, and miss you. To you, to Vera, very fondly,
NB
Boulanger à Stravinsky
122 Bay State Road
Boston, Mass.
Tel. Kenmore 7277
Monsieur Igor Strawinsky
1260 Wetherly Drive
Hollywood 46
California
20 septembre 1945
Cher Ami,
Quelle magnifique surprise, quel bonheur, et quelle satisfaction. Vous êtes un ange!
Je ne peux pas vous parler de ce morceau si beau. Je m’en sens indigne. Voilà la 6è lettre que je
commence. Mes effusions me semblent si pauvrettes, si gauches—le courage me viendra bien, je
l’espère, mais pas aujourd’hui. Je lis, relis. Quelle réussite de l’ensemble, de chaque détail,
et…Je ne connais encore rien. Je ne vais pas si vite! Mais je sais ce qu’est la Symphonie. Je
l’aime et vous aime. Seulement c’est trop triste de ne plus vous voir, ne d’etre [sic] pas près de
vous, au piano, de ne pas vous l’entendre me la jouer, pour moi. C’est bête, cette séparation. Elle
me pèse bien lourdement.
Pars pour Montréal. Vous écrirai dès mon retour. Suis jalouse de tous ceux qui ont vu la boutique
de Vera, si étonnante me dit-on—ce n’est plus vivre que de ne plus prendre la route de
Hollywood.
Reçu une lettre de Sviétik, intéressante, gentille. Il semble heureux, tout le monde m’écrit à son
sujet avec tant de confiance musicale. Chacun trouve Françoise si gentille.
Samedi, son anniversaire. J’espère qu’il aura mon paquet pour ce jour-là. Ai tant envie de vous
parler du Final. Que je ne trouve plus rien à vous dire d’autre et pourtant, je ne vois pas vous
démontrant que j’ai compris! Mais j’ai compris, je crois, et entendu –et je me sens toute fière !
Vous êtes trop grand pour que je puisse l’oublier surtout quand je ne suis pas près de vous, et ma
vieille incorrigible timidité bat son plein.
Merci. Vous m’avez fait le plus beau double cadeau qui se puisse rêver, et les deux aspects de la
partition font suivre le cheminement de la pensée l’ordre ramassée de l’un, définitivement exposé
de l’autre.
Que je vous aime, vous admire, et que vous me manquez. À vous, à Vera bien tendrement,
NB
Boulanger to Stravinsky
122 Bay State Road
Boston, Mass.
Tel. Kenmore 7277
15 Oct 1945
1) Thank you for Leyssac’s address, Dear Friend.
2) Thank you for your speed.
3) Have I told you that I found wool undergarments, a waistcoat, boots, and gloves for Milène
and André, and baby clothes for Sviétik’s baby in Montreal?
4) At last, just found wool undergarments for Milène here. It was too early, they did not yet have
them when I looked in Montreal.
5) Would you like to have a copy made (I ask you very timidly) of the orchestral score of the
new symphony, movements I and II, of which I only have sketches? I cannot begin to write to
you about this symphony. I feel ridiculous and insignificant, but . . . I believe that I know what it
is. And I am very happy.
6) Have you taken my old car? If you do not need it or want it anymore—tell me. I’m glad that it
has been useful to you, but doubtless you do not want it anymore
7) Will leave at the end of December. It is sad not to see you before, but I must go back. I will
speak to you again about all this very soon.
I think of you two all the time. You cannot imagine the sadness of not seeing you anymore. It
was so wonderful . . . you are always with me, but . . . a bit of your real presence would do me
good.
To you, with all my heart,
Nadia B.
Boulanger à Stravinsky
122 Bay State Road
Boston, Mass.
Tel. Kenmore 7277
15 oct 1945
1) Merci de l’adresse Leyssac, Cher Ami
2) Merci de la rapidité
3) Vous ai-je dit que j’ai trouvé à Montreal des sous-vêtements de laine, gilets, bottes, gants,
pour Milène et André, de la layette pour le bébé de Sviétik
4) Viens de trouver enfin, ici, des culottes de laine pour Milène. C’était trop tôt, on ne les avait
pas encore quand j’ai cherché à Montreal
5) Voulez-vous bien avoir faire, (Je le demande bien timidement) un ex. de la partition
d’orchestre de nouvelle symphonie, [dont] I et II mt. desquels je n’ai que l’esquisse. Je ne peux
commencer à vous écrire à propos de cette symphonie. Je me sens ridicule et pygmée, mais…Je
crois que je sais bien de quoi il s’agit. Et je suis si heureuse.
6) Avez-vous pris ma vielle guimbarde ? Si vous n’en avez plus besoin ou envie—dites le moi. Il
me plaisait qu’elle vous soit de quelque utilité, mais sans doute maintenant, n’en voulez-vous
plus
7) Partirai fin décembre. C’est triste de ne pas vous voir, avant, mais il me faut rentrer. Vous
reparlerai de tout cela très bientôt.
Pense à vous deux sans cesse. Vous ne pouvez vous imaginer ce qu’est la tristesse de ne plus
vous voir. C’était trop beau…Vous êtes toujours avec moi, mais…un peu de présence réelle
ferait [du] bien.
À vous, de tout cœur
Nadia B.
Boulanger to Igor and Vera Stravinsky
BOSTON, MA
MR AND MRS IGOR STRAWINSKY
1260 NORTH WETHERLY DRIVE
DECEMBER 25, 1945
SO SAD BEING FAR AM SAILING DECEMBER 31 WILL SEE AT ONCE SVETIK HOPE
MILENE WILL SOON BE WITH YOU WISHES DEAR VERA LOVE TO BOTH
NADIA
Boulanger to Igor and Vera Stravinsky
BOSTON, MA
MR AND MRS IGOR STRAWINSKY
1260 NORTH WETHERLY DRIVE
25 DECEMBER 1945.
SO SAD BEING FAR AM SAILING DECEMBER 31 WILL SEE AT ONCE SVIETIK HOPE
MILENE WILL SOON BE WITH YOU WISHES DEAR VERA LOVE TO BOTH
NADIA
Boulanger to Igor and Vera Stravinsky
122 Bay State Road
Boston, Mass.
Tel. Kenmore 7277
Mr. Igor Strawinsky
1260 Wetherly Drive
Hollywood 46
California
January 3, 1946
Dear Igor, Dear Vera,
These last few hours I have been so sad to leave you that after having asked for your number, I
hung up, not having the courage to hear your voices.
But I will soon kiss the cheeks of Jean, Sviétik, Françoise, maybe Milène. Who knows, [perhaps]
I will return sooner than I think. Finally, may God keep you, my dearest ones. I love you, and
when I consider just how much, the thought of this long-awaited return costs me very dearly.
And to miss the Symphony!
Know all that these last-minute lines bring to you, and speak of me often. I need to feel you close
by my side.
Your
Nadia B.
[P.S.] I will speak to Sviétik and Françoise about the baptism. Again, all my love, Dear Igor,
Dear Vèra!
Boulanger à Igor et Vera Stravinksy
122 Bay State Road
Boston, Mass.
Tel. Kenmore 7277
Monsieur Igor Strawinsky
1260 Wetherly Drive
Hollywood 46
California
3 janvier 1946
Cher Igor, Chère Vera,
Les toutes dernières heures suis si triste de vous quitter qu’après avoir demandé votre numéro,
j’ai annulé, pas le courage d’entendre votre voix.
Mais embrasserai bientôt Jean, Sviétik, Françoise, peut-être Milène. Qui sait, reviendrai plus tôt
que je ne pense. Enfin, que Dieu vous garde, mes très chers. Je vous aime, il me semble
seulement mesurer combien et ce retour tant attendu, me coûte bien cher.
Et manquer la symphonie!
Sentez tout ce que ces lignes de la dernière minute vous portent, et parlez souvent de moi, j’ai
besoin de vous sentir à mes côtés.
Votre
Nadia B.
[P.-S.] Dirai à Sviétik et Françoise à propos du baptême. Encore ma tendresse, Cher Igor, Chère
Vèra !
Boulanger to Igor and Vera Stravinsky
36 rue Ballu, 9ème
, Paris
Téléph: Trinité 90–17
Mr. and Mrs. I. Strawinsky
1260 N. Wetherly Drive
Hollywood 46
California
January 27, 1946
At last, the first letter, and it is only a small note! Dear Igor, Dear Vera, not a day goes by
without speaking of you, but, at first it was so cold that I refused to write . . . and then [refused to
do] anything. I don’t know how to explain. Life is full of checking, looking, recognizing!
Nevertheless, do I need to add that there isn’t a day without speaking of you, without listening to
you, without waiting for you (in a manner of speaking). Went to see Jean after disembarking, so
as to instantly tell you my first impressions, and I truly believed I was going to write to you that
evening, on January 20!! How shameful.
He is so beautiful, so strong and so imperious—no need to ask if he knows what he wants. But
he is also so soft and gentle, happy—not a baby like any other, he is already himself, 100%
Strawinsky. Sviétik and Françoise are beaming. Happy and so well adjusted! Sviétik works a lot,
writing very clean, very clear, good music. Excellent spirits, finally, all is well. Their apartment
is very nicely set up and would please you—the taste, the order, and the space.
By all respects, things seem to be sorting themselves out! Sviétik has sound friends, and
Françoise is perfect.
I’d like to give you an idea of the situation here. I do not feel able to judge anything concerning
politics. Everything is too fluid and complex. But the young people we talk to clearly fall into
distinctive groups—spouting grand, vague, destructive theories. There is, as far as I can tell, a
small number—[as opposed to the] majority, quite a clear majority—a sensible minority that sees
things with a sense of order, loves what should be loved, fights for what is worth saving.
Certain places haven’t changed. The same habits, the same gossip, the same jokes. Only the
outfits have changed a bit, and yet everything is still so difficult.
I saw Souvtchinsky, and he looked well. Met Cingria, how cultured, what finesse, and his
manner of speaking, just striking. Missed Mavra the other evening . . . I didn’t know . . . ! I
console myself in saying the performances were poor. But I cannot be consoled.
You are well, as you ought to be, Dear Igor, the only one to whom the real youths attach
themselves. But enough for today, you will be discouraged by these scribbles. Désormière will
perform the symphony, what joy!
With all my heart, I love you both madly,
NB
Boulanger aux Stravinskys
36 rue Ballu, 9ème
, Paris
Téléph : Trinité 90-17
Monsieur et Madame I. Strawinsky
1260 N. Wetherly Drive
Hollywood 46
California
27 janvier 1946
Enfin, la première lettre, et ce n’est qu’un billet ! Cher Igor, Chère Vera, pas un jour passé sans
vous parler, mais, d’abord il faisait si froid qu’écrire. Était…refus. Puis, tout. Je ne sais comment
expliquer. La vie prise par revoir, regarder, reconnaître ! Dois-je ajouter que pourtant pas un jour
sans vous parler, sans vous écouter, sans vous attendre en quelque sorte. Été au débarqué vois
[sic] Jean, pour vous dire aussitôt mes impressions, et je croyais vraiment que j’allais vous écrire
ce soir-là, vers le 20 janvier !! Quelle honte.
Il est si beau, si fort, si impératif—pas besoin de se demander s’il saura ce qu’il veut. Mais aussi
si doux et gentil, gai—et pas un bébé comme un autre, déjà lui, 100% un Strawinsky. Sviétik et
Françoise béats d’admiration [sic]. Heureux et si bien accordés ! Sviétik travaillant beaucoup,
écrivant de la musique très propre, très claire, bien.
Etat d’esprit excellent, enfin, tout bien. Leur ap. jouissant arrangé, vous plairait—du gout, de
l’ordre, et de l’espace.
À tous égards, les choses semblent s’arranger ! Sviétik a des amis surscc [sic], et Françoise est
parfaite.
Voudrais vous donner une idée de la situation ici. Ne me sens pas en mesure de rien juger en ce
qui concerne la politique. Tout est trop fluide et complexe. Mais les jeunes avec lesquels on parle
tout nettement classes en—donnant dans de grandes théories vagues, destructives. C’est pour
autant que j’en puisse juger, le petit nombre—une majorité, comme est la majorité sans grande
douleur—un autre nombre bien dirigé, voyant les choses avec le sens des hiérarchies, aimant ce
qu’il faut aimer, luttant pour ce qui vaut d’être sauvé.
Certains milieux n’ayant pas bougé. Les mêmes tics, les mêmes potins, les mêmes plaisanteries.
Seuls leurs habits ont un peu changé et encore, tout est encore si difficile.
Vu Souvtchinsky, en forme. Rencontre Cingria, quelle culture, quelle finesse, et la parole dirée
[sic], frappant juste. Manqée Mavra l’autre soir…n’ai pas su… ! Me console en laissant [sic]
dire exécutions mauvaise [sic]. Mais ne me console pas.
Vous êtes bien, comme il se doit Cher Igor, le seul auquel se rattachent les vrais jeunes. Mais
assez pour aujourd’hui vous vous découragerez de ce [sic] gribouilles. Désormière va donner la
symphonie quel bonheur !
Vous embrasse tous deux et vous aime à la folie.
NB