Boulanger to Stravinsky
36 rue Ballu 9th
September 21, 1953
Very Dear Friend,
It’s been impossible to write to you during this overwhelming summer. Certainly, what I am
doing is not important, but it is all I can do, and so I put all my energy into it.
The Opéra Comique performs the Rake often enough (in a manner of speaking, unfortunately),
and the number of people who attend each performance is comforting. The faults of the
performances remain the same. I had written on this subject to Beydts, who listened, [but] he just
died. But the time will come soon, I believe, when the necessity of staging this work in [the
correct] conditions will be imposed. Because, judging by the mail I myself receive regarding it, I
understand the extent to which people want this to happen. Sooner or later, it must be
retranslated, and the continuity imposed once again. No matter what the design errors of the
different performances are, it has been proven that the work has won people over. I will endeavor
to send you, one day, excerpts from these letters. It would be worth the trouble.
Students performed The Rake at Tours this summer. It was during a general strike. I could not
leave the School, but the GD students I sent to listen to it found the whole thing good—excellent
orchestra, and an acceptable staging. As for Edinburgh, I understand the production was
remarkable. All things considered, the Opéra Comique was not so awful. Little by little, they will
all understand. One must give them a lot of time!
But the critics are such an impoverished type—pretentious, because they are too aware of their
own weakness; or, out of fear of being wrong, they stay quiet; or out of bravado, they rip [the
work] apart with relish. Which is to say the only thing left for them is ridicule. The majority
among them have never understood anything about anything, and neither the Rake nor the
Cantata is an exception. Sometimes I so want to fight with them, but more often, I ignore them.
But, I have a request—a request that I imagine must be refused—but nothing ventured, nothing
gained. So, here it is. For multiple reasons, I want the École de Fontainebleau to have a real
purpose, or else we should let it go. So I choose to fight—and for a well-defined cause. Would
you offer the help that will make it even more so?
For the piano competition, to which I would like to attract good musicians, I wish (one can hope
for the impossible) that you— yes, I said you—would write a concert study around 5–6 minutes
long, that you would dedicate to whoever wins first place and who would have the privilege of
the premiere. “And . . . ?” I understand that on this point, you must think me completely crazy.
I’m not sure I believe it myself, but the crisis hasn’t reached its peak— I have to tell you
everything, with as much slight of hand and juggling as it takes . . . but I won’t lie . . . and
forgive my audacity—but, I have, despite an enormous effort, [scraped together] only 100,000 fr.
It’s ridiculous, shameful. But think, next year will be my fiftieth anniversary as a professor. If I
succeed with such an ambitious project, I will feel myself as proud as Artaban.
Ah! Don Quixote, how I need you! Reply in any case, insult me if you must, but consider this for
a little while, to find in your heart a little indulgence, and who knows, perhaps an unbelievably
charitable impulse.
I send fond wishes and say again how much I love you,
Your
Nadia.
Boulanger à Stravinsky
36 rue Ballu 9è
21 septembre 1953
Bien cher Ami,
Impossible de vous écrire durant cet été accablant. Certes, ce que je fais n’est pas important,
mais c’est tous ce que je peux faire—et je m’y donne de toutes mes forces.
L’Opéra Comique donne assez souvent (c’est une manière de parler hélas) le Rake—et le nombre
de gens qui vont à chaque représentation est consolant. Les défauts de ces représentations restent
les mêmes—j’avais écrit à ce sujet à Beydts, qui écoutait—il vient de mourir. Mais le temps
viendra vite, je crois, où la nécessité de donner cette œuvre dans les conditions [voulais],
s’imposera. Car, si j’en juge par le courrier que je reçois, moi seule, à ce sujet, je comprends à
quel point les esprits sont attachés à cette idée. Il faudra, tôt ou tard, refaire la traduction, et
imposer la continuité. N’importe quelles sont les erreurs de conception des différentes
exécutions, il s’avère que l’œuvre a gagné la partie. Tâcherai de vous envoyer, un jour, des
extraits de lettres. Cela vaut la peine.
Cet été des étudiants ont donné le Rake à Tours. C’était en pleine grève. Je n’ai pu quitter
l’École, mais les GD étudiants que j’ai envoyé l’entendre, ont trouvé que l’ensemble était bon,
l’orchestre excellent et la scène possible. Quant à Édimbourg, je crois comprendre que la
représentation était remarquable. Tout compte fait, l’Opéra Comique n’a pas si mal réussi. Petit à
petit, ils comprendront tous. Il leur faut tant de temps !
Mais les critiques sont de pauvres types, prétentieux, parce qu’ils connaissent au fond leur
faiblesse, ou ils se taisent, pas peur [de] se tromper, ou par bravade, ils déchirent à pleines dents.
Dire qu’il ne leur reste que le ridicule. La plupart d’entre eux n’a rien compris jamais rien à
rien—et ils n’ont pas fait exception ni pour le Rake, ni pour la Cantate. Parfois, on a envie de les
battre, le plus souvent, de les ignorer.
Mais je viens avec une prière—une prière que je devine devoir être repoussée—mais qui ne
risque rien n’a rien. Donc, voilà ce dont il s’agit. Pour des raisons multiples, je veux que l’Ecole
de Fontainebleau ait une vraie utilité, ou que nous le laissions tomber. Donc, je lutte—et dans
une direction bien définie. Voulez-vous m’apporter la seule aide qui la précise.
Pour le concours de piano, auquel je voudrais amener de vrais bons musiciens, je voudrais, on a
bien le droit de souhaiter l’impossible que vous, oui j’ai dit vous écriviez une étude de concert
environ 5 à 6 minutes, que vous dédieriez à celui qui obtiendrait le 1er
prix et aurait le privilège
de la 1ère
audition. « Et quoi encore ? » Je comprends qu’à ce point, vous devez me croire tout-à-
fait folle. Je ne suis pas sûre de ne pas le croire moi-même, mais la crise n’est pas à son point
culminant—car, puis qu’il faut tout vous dire, en faisant des tours de passe et des jongleries je
puis…ne mentez pas…et pardonnez mon audace, vous avouer—enfin je n’ai, et au prix de quel
effort, que 100 000 fr. C’est une dérision, une honte—mais songez—c’est l’année prochaine ma
50è année de professorat. Si je réussissais une telle ambition, je me sentirais fière comme
Artaban. Ah ! Don Quixote, que me veux-tu ! Répondez-moi tout de même, insultez-moi si vous
voulez, mais réfléchissez un peu, pour trouver de l’indulgence dans votre cœur—et qui sait, un
invraisemblable mouvement de charité.
Je vous embrasse et vous redis combien je vous aime.
Votre
Nadia
Nadia Boulanger, “Chapter 5, 21 September 1953,” Digital Exhibits, accessed December 22, 2024, https://digex.lib.uoguelph.ca/items/show/2700.
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