Soulima Stravinsky to Boulanger
56 rue de Bougagne, Paris
August 27– September 14, 1945
Dear Nadia,
We have recently had good news from Léo Preger. It seems we will see you this winter; I don’t
need to tell you how delighted I am and how great my need is to see you and to speak to you. So
many things to tell you . . . and so, just the other day I received a wonderful package that I must,
I think, thank you for, because it was sent by a certain Moreys Southern Sea Shop from Santa
Barbara. Thank you with all my heart, dear Nadia. I am moved to see that with all you have to do
you still find the time to think of us.
Despite the end of the war it is not yet ideal here. Without being pessimistic, I fear that this
winter will again be a bit harsh. We will try to be patient, but pray that it will be the last of its
kind!
The Léo Preger competition was such a joy for us. He is a serious musician, modest to such an
extent that his marvelous talent goes unnoticed by all those here who should be interested in
helping him. I find it very beautiful and meaningful that this encouragement brought him here.
Did you know that he is currently writing a piano concerto, the premiere of which he was kind
enough to promise to me?
My father was able to send along some of his recent compositions. Imagine what it has been like
for me to discover the Circus Polka, the Scherzo à la Russe, the extraordinary Sonata for Two
Pianos, and finally the Tango from which I have not yet recovered! Truly, I cannot find the
words to tell you all that I [illegible], all that I find and rediscover in the works, and how much
all of this impresses me. And how is it we were not reunited with you and him around these
marvels? In this inestimable collection is also the Danses concertantes. Désormière conducted
them twice this winter, I must say, impeccably so. Personally, I played them innumerable times
on two pianos with François Michel. Remembering how they sound and feel to play, I attempted
to write a version for two hands. My effort seems to me to have been rather successful. I am
going to send it to my father and, with his adjustments, maybe he will have it published.
My father wrote that he had just finished a symphony and will give the premiere at the New
York Philharmonic at the beginning of October. How I envy your being there to hear it. He also
asked me in his last letter how the Symphony in C was received. Unfortunately, the performance
of it was so flawed one couldn’t really hold it against the audience for, on the whole, having
understood nothing. For my part, I had to attempt a veritable reconstruction of the piece upon
hearing it along with what I could guess, because it truly did not even remotely come through.
But what did materialize seemed to me beautiful and of a stunning grandeur.
To speak of other things, Françoise and I were able to escape to the seaside for a month, close to
Arcachon. This vacation was marvelous and did a world of good for both mother and child. Still
nothing to tell you regarding the baby. Of course we will keep you informed of the birth that will
likely happen at the end of October. In the meantime, Françoise has asked me to pass along her
fond regards.
Dear Nadia, I must stop, I truly abuse your patience with this unending chatter. I am fondly and
with my most faithful affection forever your
Sviétik Str.
[P.S.] Nika Skarjinsky has returned from a remarkable imprisonment, marvelous morale. I have
been so happy to see this excellent friend and comrade once again.
Soulima Stravinsky à Boulanger
56 rue de Bougagne, Paris
le 27 août–14 sept 1945
Chère Nadia,
Nous avons eu récemment de vos bonnes nouvelles par Léo Preger. Il semble qu’on vous verra
ici cet hiver ; je n’ai pas besoin de vous dire combien cela me réjouit et comme j’ai besoin de
vous voir et de vous parler. Que de choses à vous dire…Et puis, j’ai reçu ces jours-ci un
somptueux colis que je dois, je pense, à votre bonté, car il est expédié par un certain Moreys
Southern Seas Shop de Sta. Barbara. Merci de tout cœur, chère Nadia. Je suis ému de voir
qu’avec tout ce que vous avez à faire vous trouvez encore le temps de vous occuper de nous.
Malgré la fin de la guerre ce n’est pas encore le rêve ici. Sans être pessimiste je crains que cet
hiver ne soit encore un peu rude. Nous tâcherons de le prendre une patience, mais qu’il soit au
moins le dernier de cette espèce !
Quelle joie a été pour nous le prix de Léo Preger. C’est un musicien si sérieux, si modeste aussi
que son merveilleux talent passe inaperçu de tous ceux qui ici, devraient s’intéresser à lui et
l’aider. Je trouve très beau et significatif que cet encouragement lui vienne de là-bas. Savez-vous
qu’il est en train d’écrire un concerto de piano dont il a eu la gentille pensée de me promettre la
première ?
Mon père a pu me faire parvenir de ses récentes compositions. Imaginez ce qu’a été pour moi la
découverte de la « Circus Polka, » du « Scherzo à la Russe, » de l’extraordinaire Sonate pr. 2
pianos, enfin de la Tango dont je ne reviens pas encore ! Sincèrement, les paroles me manquent
pour vous dire tout ce que je [illegible], tout ce que j’y trouve et retrouve, et combien tout ceci
m’impressionne. Que ne sommes-nous réunis avec vous et lui autour de ces merveilles ? Dans
cet inestimable lot se trouvait aussi la part d’orch. des Danses Concertantes. Désormière les a
dirigés deux fois cet hiver et, je dois le dire, impeccablement. Pour ma part, je les ai jouées un
nombre incalculable de fois à 2 pianos avec François Michel. Les ayant si bien dans l’oreille et
dans les doigts, je me suis hasardé à en tirer une version à deux mains. Ce travail me semble
avoir assez bien réussi. Je vais l’envoyer à mon père et avec ses retouches, peut-être pourra-t-il le
faire publier.
Mon père écrit qu’il vient d’achever une symphonie et en donnera la première à la Philharmonic
de N.Y. en début d’octobre. Comme je vous envie d’être là pour l’entendre. Il me demande aussi
dans sa dernière lettre comment on a accueilli ici sa Symphonie en ut ? Hélas, l’éxécution [sic] en
a été si défectueuse qu’on ne saurait en vouloir au public de n’y avoir, somme toute, rien
compris. J’ai dû, pour ma part, me livrer en l’écoutant à une véritable reconstitution avec ce que
je pouvais deviner, car véritablement il n’en passait pas grand-chose. Mais ce qui m’est parvenu
m’a paru d’une beauté, d’une grandeur boulversante [sic].
Pour parler d’autre chose, nous avons pu, Françoise et moi, nous échapper un mois au bord de la
mer, près d’Arcachon. Ces vacances ont été merveilleuses et ont fait, je crois, le plus grand bien
à la mère et à l’enfant. De celui-ci, encore rien à vous raconter. Bien entendu nous vous tiendrons
au courant de l’évènement qui s’annonce pour la fin d’octobre probablement. En attendant,
Françoise me charge de vous dire ses très affectueuses pensées.
Chère Nadia, il faut que je m’arrête, j’abuse vraiment de votre patience avec cet interminable
bavardage. Je vous embrasse de ma plus fidèle affection et suis toujours votre
Sviétik Str.
[P.-S.] Nika Skarjinsky est rentré de captivité superbe, le moral merveilleux. J’ai été si heureux
de retrouver cet excellent ami et camarade.
Soulima Stravinsky, “Chapter 3, 27 August - 14 September 1945,” Digital Exhibits, accessed December 22, 2024, https://digex.lib.uoguelph.ca/items/show/2363.
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