Chapter 3, 15 July 1944

Igor Stravinsky

Nadia Boulanger

15 July 1944

Paul Sacher Stiftung

Letter

Boulanger to Stravinsky
Edgewood College
1000 Edgewood Avenue
Madison, Wisconsin
July 15, 1942 [recte 1944]
Dear Igor,
Since yesterday, a struggle between despair and rage! As I had told you, I wanted to give an
informal performance at Indiana University, Bloomington. And upon informing my student of
this, I told him: private performance, insisting that he publish nothing before I gave him an exact
text for the program. In his excessive joy, the idiot in fact published nothing except for the only
thing that he ought not have—and announced the premiere of your Sonata. I just sent him a livid
note that, barring a miracle, we could no longer play the Sonata thanks to his “disobedience”—
what do you think about this? I’m upset, but, how could I have foreseen that these precautions
would be inadequate. If you confirm my decision—place an (X) on the slip of attached paper
following “no.” If, given that it is a music school, you choose to overlook it—an (X) following
“yes.” But, I will understand (despite my despair), if it is rage that you choose and refuse in a fit
of anger.
Am proud of my honesty, because . . . You would undoubtedly never have known of his gaffe
otherwise. This is not blackmail—I am consoling myself over the fury I’ve felt since yesterday!
So terrible!
I’ll write Vera another day—first I’m going to confession!
With heartfelt affection for both of you,
NB


Boulanger à Stravinsky
Edgewood College
1000 Edgewood Avenue
Madison, Wisconsin
15 Juillet 1942 [recte 1944]
Cher Igor,
Depuis hier, lutte entre la [sic] désespoir et la rage ! Comme je vous l’avais dit, je voulais donner
une audition, informelle, à Indiana University, Bloomington. Et en faisant part à mon élève, je lui
ai dit : private performance, en insistant qu’il ne publie rien avant que je lui donne un texte exact
pour le programme. Dans l’excès de sa joie, l’idiot n’a en effet rien publié, sauf la seule chose
qu’il ne fallait pas dire—et a annoncé la 1ère
de votre Sonate. Je viens de lui envoyer un mot
fulminant, lui annonçant que, à moins d’une sorte de miracle, on ne pouvait plus jouer la
[S]onate, grâce à sa « désobéissance »—qu’en dites-vous? Je suis navrée, mais, comment
pouvais-je prévoir que de telles précautions étaient insuffisantes. Si vous confirmez ma
décision—mettez une croix sur le petit papier ci-joint à la suite de non. Si, étant donné qu’il
s’agit d’une école de musique, vous êtes disposé à passer outre—une croix à la suite de oui.
Mais, je comprendrai, (malgré le désespoir), si c’est ma rage que vous choisissez et refusez, dans
un mouvement de colère.
Suis fière de mon honneteté[sic], car….Vous n’auriez sans doute jamais su sa gaffe. Ceci n’est
pas du chantage—je me console de ma fureur, depuis hier ! Assez affreuse !
Véra écrirai [sic] un autre jour—vais d’abord aller me confesser !
Vous embrasse tous deux de tout cœur
NB